La sécheresse observée depuis
une vingtaine d'années dans l'Ouest Africain a des conséquences
souvent tragiques dans les pays sahéliens, ce qui explique
et justifie l'intérêt constant porté à
ces régions. Cependant, plus au sud, il semblerait que la sécheresse
se fasse également ressentir (Sutcliffe et Knott, 1987; Nicholson
et al, 1988; Mahé et Olivry, 1991; Olivry et al, 1993). C'est
un sentiment unanimement partagé dans les pays situés
en bordure du Golfe de Guinée. Si les conséquences de
cette sécheresse sont moins sévères dans ces
régions plus équatoriales, la baisse de la pluviométrie
et la diminution des apports en eau de surface, tout comme le décalage
dans le temps des saisons des pluies, sont de nature à pénaliser
les projets de développement liés en particulier à
l'agriculture, et à nuire au bon fonctionnement des aménagements
réalisés à partir de données enregistrées
lors de périodes beaucoup plus favorables. A titre d'exemple,
une étude récente, menée dans le cadre du programme
ERREAU (Servat et Sakho, 1993), a mis en évidence une importante
instabilité de la ressource en eau dans le bassin du Sassandra
(Ouest et sud-ouest de la Côte d'Ivoire) particulièrement
sensible depuis le début des années 1970. Les conséquences
de ce phénomène se sont révélées
très inquiétantes en ce qui concerne le bon fonctionnement
et la rentabilité des projets et des ouvrages réalisés.
Le programme ICCARE (Identification et Conséquences d'une
variabilité du Climat en AfRique de l'ouest non sahElienne),
qui s'inscrit dans la thématique "Variabilité
des ressources en eau" du projet FRIEND AOC du PHI de l'UNESCO,
a donc pour objet l'identification, dans toute la sous-région
"Afrique de l'Ouest non sahélienne" (c'est à
dire essentiellement les pays situés en bordure du Golfe
de Guinée), d'une éventuelle fluctuation climatique
et l'étude de ses conséquences sur les ressources
en eau. Cette fluctuation pourrait se traduire par des ruptures
dans les séries chronologiques pluviométriques et
hydrométriques, qui, si elles concordent avec ce que l'on
observe en zone sahélienne, devraient se produire vers la
fin des années 1960 (Hubert et Carbonnel, 1987; Sircoulon,
1987; Hubert et al, 1989; Demarée, 1990) . Les manifestations
les plus sensibles de ces ruptures (diminution des précipitations
et des écoulements, décalages dans le temps et rééquilibrages
entre saisons des pluies, etc.) seront étudiées ainsi
que les modifications apportées par la sécheresse
aux facteurs de l'écoulement des eaux de surface, c'est à
dire les modifications de réponse des bassins versants aux
facteurs atmosphériques du cycle de l'eau.
Afin de donner à ce programme une dimension qui ne soit pas
uniquement celle de l'Afrique de l'ouest, nous avons étendu
notre démarche aux états d'Afrique Centrale qui se trouvent
dans la même "bande" de latitude.
La zone étudiée couvre 16 pays qui sont, de l'Afrique
de l'Ouest vers l'Afrique Centrale, le Sénégal, la Gambie,
la Guinée Bissau, la Guinée Conakry, la Sierra Leone,
le Liberia, le Mali, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana,
le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, la Centrafrique
et le Tchad. Nous n'avons, cependant, considéré que
la partie non sahélienne de cette zone. Pour ce, l'étude
s'est limitée au Sud du 14ème parallèle. Ainsi,
nous ne traiterons qu'une partie du Sénégal, du Mali,
du Burkina Faso et du Tchad.
Ce programme a été mené
par l'Antenne Hydrologique de l'ORSTOM en Côte d'Ivoire, dans
le cadre de l'UR 2 du DEC, en collaboration avec le Laboratoire d'Hydrologie
de l'ORSTOM à Montpellier et le Laboratoire d'Hydrologie et
de Modélisation de l'Université Montpellier II. En Côte
d'Ivoire, ce projet a été mené avec l'aide et
la participation du Ministère de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique.