Superficie : 1 500 000 Km²
Les branches supérieures prennent leurs sources sur le revers oriental du Fouta Djallon. Le fleuve se dirige vers le centre de l’Afrique Occidentale où il arrive dans une zone lacustre, région sahélienne à très faible pente. Les apports y sont insignifiants alors que les pertes du fleuve y sont énormes. Il en sort grâce à une capture récente (seuil de Tossaye), à l’échelle géologique, et se dirige vers le Sud-Est. Jusqu'à Niamey, le renforcement dû aux apports sahéliens de la rive droite et sub-désertiques de la rive gauche est insignifiant.
Plus à l’aval, il reçoit les apports des cours d’eaux du Bénin, dont la crue annuelle arrive très décalée par rapport à celle du cours supérieur, d’où un hydrogramme annuel, parfois, à double pointe.
Au Nigeria, il reçoit en rive gauche les apports de cours d’eaux sahéliens et en rive droite ceux des cours d’eau tropicaux de transition dont les débits sont plus importants.
A Lokodja, la Bénoué débouche dans le Niger. Elle présente un débit annuel égal parfois à 120% du débit du Niger à l’amont de la confluence. Elle rencontre de l’amont vers l’aval des affluents de plus en plus abondants venant de zones montagneuses souvent bien arrosées. Leurs hydrogrammes de crue sont très aigus, la majeure partie d’entre eux correspondant au régime tropical de transition. A Garoua, le régime tropical est pur alors qu’à Makurdi il est le même qu’au confluent avec le Niger.
L’année hydrologique débute en Avril-Mai.
Dans sa partie supérieure, le Niger connaît une diminution des écoulements peu marquée (28 à 39%) alors que son affluent principal, le Bani, connaît une très forte diminution de ceux-ci : 70% de part et d’autre de la rupture. Ces 2 zones voisines sont contrastées d’un point de vue climatique : la première se caractérise par un climat proche du tropical humide alors que la seconde se caractérise par un climat tropical plus sec.
Plus en aval, dans la région du delta et de la boucle du Niger, le fleuve ne subit un déficit d’écoulement que de l’ordre de 26%.
Dans la région de MALANVILLE, les écoulements du Niger connaissent une diminution plus importante (43%) que l’on peut lier à une très forte diminution des apports des affluents d’origine tropicale issus du Sud (59%), zone à déficit pluviométrique, lui même, important.
Vers son exutoire, le déficit d’écoulement est identique à celui de la Bénoué qui constitue la plus grande partie de ses apports. Cet affluent alimenté par des cours d’eau à majorité d’origine équatoriale ne subit qu’un déficit d’écoulement compris entre 10 et 20%. A sa tête de bassin, les tests statistiques ne détectent aucune modification du caractère aléatoire des séries de module et donc de ruptures.
Cette diminution des écoulements se situe très majoritairement entre 1969 et 1971.
En hautes-eaux, les résultats sont très similaires à quelques exceptions près à ceux observés sur les modules. Les déficits sont un peu moins importants et les dates de ruptures couvrent une plage plus grande (1969-1979) mais restent très concentrés autour de 1969-1971.
Les basses-eaux ont fortement diminué autour de 1969-1971 à quelques exceptions près.
Les résultats obtenus sur les DCC et DC3 confirment les observations précédentes : une rupture s’observe sur le bassin du Niger (mais pas sur la tête du bassin de la Bénoué) autour de la période 1969-1971.
Le DC6 caractérise les moyennes-eaux. On peut observer un très fort déficit sur le bassin du Niger. Même la Bénoué voit ses écoulements diminuer. Le déficit est bien souvent plus important que sur les modules ou les hautes-eaux.
On n’observe pas de changement notable à KOULIKORO, station qui, rappelons-le, existe depuis 1907. Autre station du Niger supérieur, IRADOUGOU sur la Kourikele où on n’observe qu’une augmentation des coefficients de tarissement en 1982.
A NIAMEY, on se trouve en présence de la seule station analysée dans le programme ICCARE qui voit à la fois les debits initiaux de tarissement et les coefficients de tarissement diminuer. Cela est difficilement explicable mais peut peut-être trouver une raison dans l’énorme complexité de l’alimentation de ce bassin (cf. commentaires, bassin actif et bassin fossile).
La Sota à COUBERI voit ses débits initiaux de tarissement diminuer (1971) et ses coefficients de tarissement augmenter (1964). Ces observations vont dans le sens d’une réduction des aquifères en extension et d’une baisse de leurs niveaux piézométriques.
Trapèze délimité par 50 et 90% de Qmax :
Trapèze délimité par 25 et 75% de Qmax :
Aux 4 stations les rapports entre la base supérieure et la base inférieure des trapèzes restent inchangés. Comme le débit maximum a diminué, cela implique une réduction de l’hydrogramme de crue.
A NIAMEY et à DIRE, la montée en crue se fait plus rapidement qu’auparavant alors que la décrue est plus lente. La dissymétrie de l’hydrogramme de crue s’accentue vers la droite.
A KOULIKORO, les 2 pentes diminuent, ce qui indique un arrondissement de la pointe de la crue en même temps qu’un rétrécissement de l’hydrogramme déjà signalé.
A SIGUIRI, les observations peuvent sembler contradictoires et doivent indiquer des changements peu perceptibles.
Les occurrences de ces changements couvrent une large période. Cela peut signifier plutôt une tendance qu’un changement brutal des caractéristiques de forme des hydrogrammes.
Il faut s’attarder sur la station de MALANVILLE qui n’a pas été traitée statistiquement. A cet endroit, le Niger reçoit des apports des cours d’eau tropicaux du Bénin dont la crue arrive très décalée par rapport à celle du cours supérieur. L’hydrogramme de crue présente alors 2 pointes. Depuis le début de la décennie 1970, la première pointe de crue (celle du cours supérieur) est très atténuée. Certaines années, elle n’apparaît même parfois plus et se fond dans la courbe de montée de crue qui ne présente alors plus qu’un maximum correspondant à la crue des eaux provenant du Bénin.
L’analyse de tous ces résultats montrent l’opposition entre les rivières à caractère tropical (Niger supérieur et moyen), voire sahélien, et les rivières à caractère équatorial (Bénoué).
La période 1969-1971 reste la période privilégiée de ruptures dans les séries chronologiques, à l’exception systématique du Kouroukélé à IRADOUGOU, bassin de petite superficie.